
Généalogie Familiale et Ancestrale
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L'Histoire de la création du département du Tarn et Garonne

Ce département a été créé sous le 1er Empire, sous le décret Impérial de Napoléon 1er, le 21 novembre 1808, avec des territoires pris à cinq des six départements limitrophes.
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Près de la moitié de sa superficie appartenait auparavant au Lot :
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Près d'un tiers appartenait à la Haute-Garonne :
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arrondissement de Castelsarrasin (7 cantons, 84 communes)
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et le reste fut pris aux départements de Lot-et-Garonne qui avait cependant toujours fait partie de l’Agenais historique et de la Guyenne :
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du Gers
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et de l'Aveyron

Extrait du livre de Janine Garrisson - Vialètes De Mortarieu où l'invention du Tarn et Garonne
On la doit à l'ancien Maire de Montauban, Vialètes de Mortarieu, qui mena des tractations pour amener l'Empereur Napoléon Bonaparte, à prendre la décision, de la création, du département du Tarn et Garonne ; En 1806, il est nommé au Conseil Municipal de Montauban et devient Maire, puis, de 1812 à 1815. En décembre 1815, Louis XVIII, lui remet la légion d'honneur. En juillet 1819, il s'installe à Foix comme Préfet de l'Ariège ; il demeure en poste jusque 1830. Lors de sa retraite, il regagne sa ville natale, son hôtel particulier de la rue Lasserre, ses propriétés proches de Négrepelisse. Il meurt en 1849 léguant par testament bon nombre de tableaux "fondement du musée de Montauban". Parmi ses oeuvres, figure son portrait peint par Ingres, le fils, qui se trouve actuellement au Norton Muséum de Pasadena à Los Angeles, mais qu'un artiste local, Léon Combes, eu l'excellente idée de recopier. C'est ainsi que les Montalbanais, peuvent de nos jours, connaître le visage de l'inventeur du Tarn et Garonne. Mortarieu qui eut en politique, nombre de fonctions, Président de plusieurs assemblées électorales, membre du corps législatif, chargé de mission au Ministère de l'Intérieur, Préfet demeure avant tout dans l'esprit des habitants et l'histoire locale de Montauban. Il est vrai qu'il est reconduit presque neuf ans à la tête de la municipalité, entre 1806 et 1815. A ce titre, il laisse la ville une empreinte durable qui se lit de nos jours encore. La promenade des Cordeliers, tristement délaissée et abandonnée aux ruines longée par une ruelle étroite se transformant en cloaque doit sa renaissance (et son nom actuel) Mortarieu. Les deux axes, promenade et ruelle sont conjoints en une seule et riante allée plantée d'accacias, éclairée d'un réverbère. Dans la foulée, il fait percer la rue Bessières, élargir la rue de la Cathédrale, restaurer la Place Nationale. Lorsque s'effondre le quai Montmurat dans les premières années du XIXème siècle, l'architecte en charge des travaux, soucieux d'économies, s'il fait remonter la maçonnerie, supprime la rampe qui mène au Tarn. Mortarieu, une fois encore fait jouer ses relations gouvernementales, et au printemps 1818, obtient l'autorisation de reconstruire le quai tel qu'il était. Pourtant, la notoriété de Mortarieu se situe ailleurs. En effet, Joseph-Pierre, s'il n'est pas tout seul à mériter ce titre, peut être qualifié d'inventeur du Tarn et Garonne. Lorsqu'en 1789, la constituante décide de découper la France en départements, Montauban, la troisième ville du Sud-Ouest, est dédaignée au profit de Cahors, de plus mince envergure, qui devient chef-lieu de district à l'instar de Lauzerte qui l'emporte sur Moissac. Pour les habitants à tout échelon de la société, le traumatisme narcissique est profond, les institutions royales, intendance, pouvoirs civils et écclésiastiques, une activité industrielle et commerciale en fait de la ville aux XVIIème et XVIIIème siècles, une réelle capitale provinciale. Les Montalbanais humiliés, ont tenté dès la fin de 1789 et encore en 1790, de faire revenir les Constituants sur leur décision. En vain. Or, Joseph Vialètes, durant la période obsure de sa vie, à Paris ou ailleurs, s'est constitué un solide réseau relationnel. Non parmi les extrêmistes révolutionnaires, bien-sûr, mais parmi ceux qui jugent que la machine est allée trop loin, qu'il faut remettre le pays dans l'ordre et l'obéïssance. Ceux-là même qui soutiennent Bonaparte puis Napoléon. Lorsque sous le Consulat, Joseph-Pierre regagne sa ville natale, qu'il se plonge dans la politique, son ambition est de restituer à Montauban, sa grandeur passée. On ignore à quelle date il a commencé les démarches en vue de la création du département, digne écrin pour sa ville. Une certitude ; en 1806, Vialètes rencontre l'Empereur à Saint-Cloud, quelques membres de la municipalité l'accompagnent ; ils obtiennent la promesse d'une visite impériale lors d'un prochain voyage dans le Midi. L'espoir luit ; après une longue attente, il devient presque certitude, en 1807, quand le prince archi-chancelier Jean-Jacques de Cambacérès, en route pour Bordeaux, annonce qu'il fera une halte à Montauban. Vialètes décide le conseil municipale d'organiser une réception ... princière et guerrière. Un corps de volontaires à cheval et une compagnie à pied sont recrutés parmi les jeunes gens habillés de neuf. Les cavaliers, plus voyants que fantassins, endossent des uniformes de draps naturellement bleus, à parements, collets et revers et pantalons chamois. Quatre pièces d'infanterie sont mises en batterie sur le plateau, prêtes à tonner. Pour l'arrivée de Cambacérès par le faubourg Toulousain, la ville se pare. Un arc de triomphe de quatorze mètres de haut est dressé ; composé de trois portiques, scandé de huit colonnes d'ordre corinthien, l'aigle impériale domine le tout. Sur les côtés, deux inscriptions lyriques, "Thémis sur les autels a placé son image" et "il vivra dans nos coeurs ainsi que dans l'histoire". Ingres le père, compose sa maquette de cet édifice qui n'a rien de modeste. A bressols où se sont avancés le Maire et ses adjoints, l'archi-chancelier monte dans le carrosse dont les Montalbanais lui font hommage, puis, le 16 novembre, entre dans la ville salué par vingt et un coups de canon ; la foule enthousiaste l'applaudit. Suit un dîner de quatre-vingt couverts ! La pluie gâche les feux d'artifice, mais n'empêche pas le grand bal prévu dans la salle de spectacle. Belle et onéreuse réception, mais elle n'est que prélude à celle dont Vialètes de Mortarieu, celle qui sera la fête impériale. Dès janvier, le maire fait voter par son conseil 8 000 francs de subsides pour les premiers frais ; il sait déjà que Napoléon s'arrêtera dans sa ville, mais ne sait ni le jour ni l'heure. L'important est d'être prêt. Grâce à la compétence du Duc de la Force, ancien lieutenant-colonel de carabiniers rentré récemment de l'émigration, un corps de volontaires est recruté parmi la jeunesse dorée de la ville. Elle s'équipe à ses frais d'un uniforme imposé ; les cavaliers en drap orné de galons d'argent, portant un étendard amarante bordé d'argent ; les fantassins en habit bleu orné aux revers et aux collets d'amarante et de pantalons blancs, leur drapeau de soie est brodé d'un aigle. Lorsque Vialètes apprend que Napoléon sera à Bordeaux en juillet 1808, les préparatifs s'intensifient, le conseil municipal siège sans désemparer pour préparer la visite impériale, il ne lésine guère sur les nécessaires finances. Enfin la chose est sûre, l'Empereur se rendra dans la ville. De ce fait, il se trouve à Toulouse le 26 juillet. Vialètes joue d'audace, certes il tient la promesse faite à Saint-Cloud, mais rien n'est encore cadré ; il sollicite une audience de l'Empereur et obtient sa venue à Montauban, le 28 juillet. L'habilité de Vialètes est récompensée, tout est prêt pour un accueil somptueux digne des entrées royales de l'ancien régime. A nouveau est dressé un arc triomphal, mais en double exemplaire. Le premier à l'entrée du Faubourg Toulousain de seize mètres de haut et quinze de long est composé de quatre colonnes corinthiennes supportant les statues de la Paix et de la Victoire. Une dédicace emphatique voue le chef-d'oeuvre "au grand Napoléon, législateur de l'Espagne, à son retour de Bayonne, passant par Montauban ...". Bien évidemment, l'aigle impérial domine l'édifice. Ingres le père a sans doute exécuté les statues comme il a veillé à l'assemblage du tout. Le second arc de triomphe s'élève à la porte du Pont du Tarn dont les deux frontons supportent un aigle aux ailes déployées ainsi que deux plaques de marbre noir avec l'inscription d'une étonnante simplicité : "A Napoléon Ier". Il n'est pas sûr que l'Empereur et Joséphine aient saisi d'un coup ces fastes déployés ; ils arrivent probablement très fatigués, aux petites heures du 28 juillet et traversent la ville pour prendre quelque repos à l'hôtel de l'Intendance. Sont tout aussi éreintés le Préfet du Lot, le sous-préfet, Vialètes et ses adjoints, tous en habit à la Française, chapeau à plumet noir et épée au côté ainsi que la garde à cheval et à pied qui attendent l'arrivée impériale, depuis quatre heures de l'aprè-midi. Les harangues solennelles se réduisent à peu de mots alors que file rapidement la voiture souveraine. Beaucoup de préparatifs, d'ingéniosité et de talents mis en oeuvre pour un piètre résultat semble t-il, la grande parade n'a pas lieu. Mais la surprise heureuse survient le lendemain. L'Empereur sort à cheval du Palais de l'Intendance vers huit heures ; la garde d'honneur se trouve à nouveau au rendez-vous, la foule délirante applaudit, les cloches sonnent, les canons muets jusqu'alors tonnent. Napoléon entame une visite équestre de Montauban : du faubourg Lacapelle, chemin Saint-Michel, faubourg du Moustier, côte de l'Abbaye avec passage du Tescou, la plaine jusqu'au Tarn. Belle promenade avec un retour en passant par le pont du Tarn, le quai Montmurat et la place Impériale, actuelle Place Nationale. Enfin la tournée cavalière s'achève par la rue d'Auriol, celle de Saint-Louis alors rue Napoléon, pour déboucher devant la cathédrale Notre Dame. A neuf heures, l'Empereur reçoit au palais de l'Intendance le conseil municipal. Vialètes de Mortarieu l'environne d'une guirlande de mots flatteurs : "Daignez, Sire, du char de triomphe où vos victoires et des actions encore plus grandes vous ont élevé, tourner un regard de votre bienveillance paternelle sur une ville dépouillée de sa splendeur mais forte de son amour pour votre Majesté et veuve d'établissement, elle ose implorer vos augustes bontés (...)". Un entretien rapide selon la méthode Napoléonnienne se déroule entre l'Empereur et le Maire : jeu rapide de questions-réponses sur l'état de la ville, son commerce, sa population, ses riches et ses pauvres, ses vicissitudes humiliantes dues à la Constituante. Vers onze heures, un nouvel entretien réunit Mortarieu et le secrétaire d'Etat Maret, le préfet du Lot assiste à la discussion. Le maire est arrivé apportant des cartes et des propositions, l'on discute de la formation du nouveau département, le secrétaire prend des notes, le tracé de la future circonscription se met en place. Vialètes de Mortarieu, en cet accueil du couple impérial si soigneusement préparé avait inclus un hommage rendu à Joséphine par trente demoiselles porteuses de corbeilles de fruits et de fleurs. L'impératrice, anéantie par les fatigues du voyage, ne peut les recevoir. L'horaire est légèrement bousculé, alors que Napoléon aurait dû quitter la ville à dix-sept heures, c'est deux heures plus tard, qu'il monte dans sa voiture pour se rendre à Castelsarrasin. Mortarieu s'est posté au Thouron, aux confins de la commune pour saluer les souverains, mais il regagne la ville en toute hâte. Un cadeau l'y attend de la part de l'Empereur : une boîte d'or sertie de brillants à son chiffre. La Force, commandant de la garde d'honneur, reçoit également un bijoux enrichi de diamants. Avant de rejoindre Castelsarrasin, Napoléon fait étape à Moissac qui rend un hommage vibrant à l'Empereur ; celui-ci promet aux habitants "un pont, une sous-préfecture, un tribunal", promesse tenue. Quelques semaines après, Vialètes de Mortarieu, avec d'autres personnalités de Montauban et du Lot sont élevées au grade de Chevalier à la Légion d'Honneur. Lorsque, au Thouron, le conseil municipal de Scorbiac, salue bien bas l'Empereur, celui-ci aurait annoncé : "je suis satisfait de l'amour que m'ont témoigné mes fidèles sujets de ma bonne ville de Montauban. J'ai vu avec peines les pertes qu'elle a éprouvées. Je la rétablirai dans ses droits, vous pouvez la regarder comme chef-lieu de département et je la mettrai au rang des principales villes de mon Empire". L'Empereur tient ses engagements. Une légende court selon laquelle, encore à Montauban, Napoléon, prenant l'une des cartes sans doute apportées par Mortarieu aurait découpé au ciseau le périmètre du Tarn-Et-Garonne. La réalité est aussi drue ; une note signée de sa main enjoint au Ministre de l'Intérieur d'ôter 100 000 habitants à chacun des départements du Lot et de la Haute-Garonne, 50 000 à celui du Lot-Et-Garonne et 15 000 au Gers. Décision à la hussarde à partir de laquelle travaillent pour la peaufiner les bureaux du Ministère. Plusieurs projets sont élaborés en août et septembre 1808 pour déterminer les limites du département ; le sénatus-consulte du 4 novembre 1808 décrète : "il sera formé un nouveau département, dont la ville de Montauban sera le chef-lieu, sous le nom de département de Tarn-Et-Garonne". Un département, trois arrondissements, Montauban, Moissac, Castelsarrasin, deux députés au corps législatif et, cerise sur le gâteau, Montauban devient "membre des bonnes villes dont les maires assistent au couronnement de l'Empereur". C'est au camp de Burgos que Napoléon signe le 21 novembre 1808 le texte du sénatus-consulte ; l'Empereur, à la tête de la grande Armée, est venu pour imposer aux Espagnols, la présence de son frère Joseph sur le trône des Bourbons. Le 26 novembre 1808, cinq jours après la signature du décret impérial, arrive à Montauban, le premier Préfet du Tarn-Et-Garonne, le jeune et brillant, Louis-Honoré-Félix Lepelletier d'Aunay. Dès le lendemain de son arrivée, il prend contact avec le Maire Vialètes, désormais "Chevalier de Mortarieu" et ses adjoints. Leur collaboration se révèle efficace, au point qu'en peu de mois, Montauban retrouve la place de capitale provinciale qu'elle avait occupée avant 1789.